Liu Xiang, le rêve éveillé de la Chine
Publié le lundi 12 novembre 2007 à 14h17min
En décrochant l’or du 110 mètres haies aux Jeux Olympiques d’Athènes en 2004, Liu Xiang est entré à 20 ans au panthéon des grands sportifs chinois. En trois ans, l’homme a fait son chemin, avec un record du monde et une popularité sans bornes. D’où des attentes énormes pour les JO 2008...
Aujourd’hui, l’aura de l’enfant de Shanghai en Chine n’a pas d’égal. Entré aux côtés de Yao Ming dans l’encyclopédie officielle de son pays, le sauteur de haies jouit sans aucun doute d’une image bien plus positive que le célèbre basketteur des Houston Rockets. Il faut dire que Liu Xiang, aujourd’hui âgé de 24 ans, incarne à la perfection l’idéal de la Chine : un homme qui réussit, comme l’atteste son palmarès, mais qui malgré tout a su rester accessible et humble tandis que le géant de la NBA se caractérise parfois par des contres performances dans les rendez vous importants et une attitude prétentieuse voire arrogante. En Grèce, lors des Olympiades 2004, Liu Xiang a gagné, de l’avis de beaucoup de ses compatriotes, bien plus qu’une médaille. Pays de sportifs s’il en est, principal concurrent des Etats-Unis pour être premier au tableau des médailles, la Chine n’en tombe pas moins facilement dans les complexes lorsqu’une discipline lui résiste.
La fébrilité des footballeurs chinois dans les moments cruciaux en est un exemple dont tout le pays se lamente à intervalles réguliers. Hors, avec sa victoire au 110 mètres haies d’Athènes, Liu Xiang a offert un sourire à sa patrie dans une discipline, l’athlétisme, où elle n’est généralement pas à la fête. Pour beaucoup de chinois, cette victoire au 110 mètres haies du natif de Shanghai fût le meilleur moment des JO 2004 : l’instant où les Chinois se sont mis à croire en leur potentiel dans un sport outrageusement dominé par les États-Unis. Certains n’ont d’ailleurs pas hésité à dire qu’avec Liu Xiang, c’était non seulement la Chine mais toute l’Asie qui avait gagné une médaille d’or. Comme Yao Ming en basket ball, Liu Xiang a ouvert une porte, réalisé un travail de pionner. Mais si le joueur NBA est aujourd’hui quelque peu rentré dans le rang, le coureur chinois garde encore quant à lui une image d’intouchable, de numéro un qui plaît tant dans l’Empire du milieu.
Il suffit de voir sa grande présence publicitaire (Coca Cola en a fait l’une de ses icônes) pour comprendre que l’aura de Liu Xiang en Chine a quelque chose de semblable avec celle d’un Zinédine Zidane en France au plus haut de sa carrière. Cependant, si les accomplissements de Liu Xiang sont considérables, ils ne sont plus rien aujourd’hui face aux attentes qu’il suscite. Opportunité ou situation embarrassante, les Jeux Olympiques de Pékin approchent à grands pas. Et pour cette année espérée en or du côté de l’Empire du milieu, le peuple chinois n’attendra rien d’autre que le plus précieux des métaux pour son héros. Une lourde responsabilité pour un jeune homme de 24 ans qui ne manque pas de rivaux dans sa spécialité. Entre les risques de blessures, de méformes, et les incertitudes propres au sport de haut niveau, la tâche s’annonce ardue pour Liu. Qu’importe, il n’a pas le droit à l’erreur : soit il l’emporte sur ses terres, et devient champion pour l’éternité, soit il échoue et redevient ce qu’il était avant, un simple sportif soumis à la loi des victoires et des défaites.
Voir en ligne : Chine-informations
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