Jeannie Rice : L’incroyable marathonienne de 77 ans qui conquiert tous les grands majors

Aux origines d’un exploit hors du commun
Dans le monde du sport, rares sont les figures capables de bouleverser profondément la perception des limites humaines. Jeannie Rice, marathonienne américaine d’origine coréenne, vient d’accomplir un exploit sans précédent : à 77 ans, elle vient d’ajouter à son palmarès le très exigeant marathon de Sydney, devenant ainsi la première athlète, homme ou femme, à s’imposer dans sa tranche d’âge (75-79 ans) sur l’ensemble des sept Abbott World Marathon Majors. Au-delà de la performance sportive, c’est tout un symbole de résilience, de passion et de science du vieillissement qui fascine aujourd’hui le milieu sportif et médical.

Débuts modestes et passion dévorante
L’histoire de Jeannie Rice débute modestement dans l’Ohio où elle s’installe à son arrivée aux États-Unis. Elle commence à courir à 35 ans, d’abord pour se remettre en forme, avant que la passion du marathon ne la saisisse à tel point qu’elle ne s’arrêtera plus. Rice participe à plus de 130 marathons à travers le monde, s’efforçant d’allier voyages et dépassement de soi en parcourant des distances allant de 1 500 mètres à la classique épreuve du marathon de 42,195 kilomètres.

La conquête des marathons mondiaux
Son premier record du monde tombe lors du célèbre marathon de Chicago en 2018, où, dans la catégorie des 70-74 ans, elle boucle la course en 3h27min50s. L’année suivante, elle améliore ce record à Berlin, en 3h24min. « Battre ce record était très important pour moi » confie-t-elle (« BBC », mai 2025). Ces premiers exploits la propulsent au cœur de la communauté running internationale, mais Jeannie Rice ne s’arrête pas là.

À l’heure où la plupart abandonnent la compétition, Rice commence à collectionner les victoires dans la catégorie supérieure (75-79 ans). Elle signe en avril 2024 un nouveau record du monde sur la distance, lors du marathon de Londres, en 3h33min27s, finissant non seulement loin devant ses rivales féminines, mais également devant tous ses homologues masculins de son âge. Sa victoire au marathon de Sydney 2025, disputé sur un parcours réputé pour ses difficultés et sa chaleur, consacre enfin sa domination sur les sept mythiques majors mondiaux : Tokyo, Boston, Londres, Berlin, Chicago, New York et Sydney.

La performance est d’autant plus exceptionnelle que Rice survole littéralement sa catégorie : à Sydney, elle termine avec plus de 22 minutes d’avance sur le deuxième homme, le plus rapide de son groupe d’âge. Avec une allure moyenne inférieure à 5’10’’ par kilomètre, elle confirme une régularité presque irréelle pour une femme ayant débuté la course à pied après l’âge de 30 ans.

L’énigme scientifique du vieillissement sportif
Ce parcours hors du commun fait d’elle un sujet d’étude scientifique privilégié. Après son record à Londres, Rice se soumet à une batterie de tests physiologiques dans un laboratoire britannique. Les résultats stupéfient les médecins : sa VO₂ max atteint 47,8, soit le niveau moyen d’une athlète féminine de 25 ans, alors que la norme attendue pour une femme de plus de 75 ans se situe habituellement bien en-dessous. Son rythme cardiaque maximal est enregistré à 180 battements par minute, valeur exceptionnelle dans cette tranche d’âge. « Votre VO₂ max est probablement plus élevée que celle des femmes de 25 ans », lui déclare le chercheur Michele Zanini (« BBC », mai 2025). Les résultats de la recherche sont publiés dans le Journal of Applied Physiology début 2025. Au-delà de la performance, ils interrogent sur les modalités du vieillissement et font de Rice un modèle d’études pour comprendre comment le sport peut ralentir la perte des capacités physiques.

Le style de vie, moteur de la longévité
Jeannie Rice est également reconnue pour son hygiène de vie exemplaire. Elle s’entraîne chaque semaine à raison de six jours sur sept et court en moyenne 80 kilomètres hebdomadaires, partageant son temps entre Mentor, dans l’Ohio, et Naples, en Floride, selon la saison. Cette consistance rare, combinée à une passion sans faille et une discipline quasi monastique, lui permet non seulement d’éviter les blessures longues, mais aussi de maintenir une courbe de performances « presque parfaitement plate » depuis 25 ans. « Je suis toujours prête parce que je cours toute l’année » explique-t-elle.

Au fil des années, les victoires s’accumulent dans toutes les disciplines de la course de fond : 1 500 m, 5 000 m, 10 000 m, marathon. Ses records sur courtes distances restent également inégalés, avec des chronos comme 39min56s au 8 km, 24min06s au 5 km et 23min04s au 5 miles, lors de courses locales dans l’Ohio.

Un modèle et une source d’inspiration universelle
En plus de ses titres, Rice inspire toute une génération de coureurs amateurs et assidus à travers le monde ainsi que des scientifiques, fascinés par la jeunesse biologique de son appareil cardiovasculaire et sa capacité de récupération. Après un accident en fin 2024 qui l’aurait pu l’arrêter, elle revient quelques mois plus tard à Tokyo avec un temps de 3h38min57s, puis s’impose à Boston malgré un claquage du biceps fémoral, terminant en 4h27min17s et décrochant la médaille de la victoire.

Son site internet personnel, JeannieRiceRuns.com, cartographie la régularité ahurissante de ses résultats sur plus de vingt-cinq ans, ce qui laisse perplexe la communauté running internationale, d’autant que, pour la majorité des coureurs, chaque année passée se traduit par une baisse progressive du chrono. Or, Rice semble ignorer toute logique du déclin physique.

Tout au long de sa carrière, elle a également devancé à plusieurs reprises les hommes les plus rapides de son âge, défiant ainsi les statistiques liées au genre et à l’âge. Ce fait ne manque pas d’attirer la curiosité des médias et du public, qui voient en elle une véritable icône de la longévité sportive.

Sa vocation est motivée par la passion et le plaisir de voyager, mais aussi par le goût du défi et du partage. « J’espère rester en bonne santé pour pouvoir encore courir un bon marathon à 80 ans », confie-t-elle aux journalistes, le regard toujours tourné vers de nouveaux horizons (« BBC », mai 2025).

Au-delà du sport, une leçon de vie et d’espérance
L’histoire de Jeannie Rice dépasse la simple performance sportive, elle interroge sur les limites du vieillissement, inspire les athlètes du monde entier et suscite l’intérêt de la communauté scientifique internationale. À 77 ans, elle illustre de manière éclatante que la passion, la discipline et le sport peuvent repousser les frontières du temps. En remportant les sept marathons majeurs mondiaux dans sa catégorie d’âge, établissant des records et défiant ses homologues masculins, elle devient la preuve vivante que « l’âge n’est qu’un chiffre ». Le parcours de Jeannie Rice marque la légende de la course à pied et s’inscrit durablement dans la mémoire collective du sport mondial, laissant entrevoir une nouvelle manière d’aborder le vieillissement et la performance.